COMITE DE LECTURE
Qui le compose ?

   Franchir la barrière d'un comité de lecture est la préoccupation majeure de tout écrivain qui se respecte. Notamment en ce qui concerne les écrivains novices.

    Rappelons-le : les manuscrits envoyés par la poste sont très rarement retenus (un pour 1000).

    La majeure partie des écrivains édités le sont "sur commande". Ce qui signifie que ce n'est pas l'auteur qui est demandeur mais l'éditeur. L'éditeur cherche un type d'ouvrage précis, ou alors un auteur spécialisé dans tel ou tel domaine. Les oeuvres sur commande ne concernent pas que les guides. Un roman, une biographie, peuvent très fortement intéresser un éditeur... pour peu que le nom de l'auteur soit la garantie d'une large diffusion. Ces oeuvres-là ne sont pas soumises à un comité de lecture, elles passent directement par l'éditeur (directeur de collection).

QU'EN EST-IL DES LIVRES ENVOYES PAR LA POSTE

    Pourquoi les éditeurs persistent-ils à les recevoir s'ils ne les intéressent pas ? Il serait erroné de dire que les livres reçus par la poste n'intéressent pas les éditeurs. Mais plus l'éditeur est important, moins il y accorde de l'attention. En fait, c'est un peu pour conserver un côté découvreurs de talent, bref être de vrais éditeurs et pas seulement des marchands de livres, que les gros éditeurs perdurent dans la tradition.

    Quoi qu'il en soit, susciter l'intérêt d'une maison d'édition en envoyant son manuscrit par la poste, est une extraordinaire gageure. La personne chargée de réceptionner les manuscrits (eh oui, tout commence par LA personne) en effleurera a peine les contours avant de décider s'ils iront sur la pile à voir ou sur la pile retour.

    La publication d'un livre requiert de l'enthousiasme et on peut imaginer combien cet enthousiasme est érodé chez une personne qui reçoit chaque jour une quantité impressionnante de manuscrits. Au fil du temps, dans une maison d'édition, le travail de cette personne deviendra routinier. Et plus ce travail deviendra routinier, plus la personne sera exigeante, et plus son pensum sera effectué de manière superficiel.

    Cette personne devra donc tilter sur le nom de l'auteur, un nom qui lui dira peut-être quelque chose. A défaut, elle devra réagir sur le titre de l'oeuvre, un titre original, particulier, exceptionnel. Un titre qui lui donnera envie de lire le résumé et l'extrait... qu'elle survolera sur la couverture. Si sa journée n'a pas démarré d'un mauvais pied, si elle se sent l'âme charitable, altruiste, généreuse, peut-être ira t-elle jusqu'à ouvrir le manuscrit, lire une page par-ci par-là, survoler la ligne que l'auteur aura mis des heures ou des jours à peaufiner. Et si, malgré tous ses efforts, rien ne la percute dans votre chef-d'oeuvre, ce sera systématiquement la pile retour avec les 998 manuscrits refusés précédemment.

    Mais il se peut que vous soyez le 1000e manuscrit, le manuscrit gagnant, celui qui aura le droit de franchir la fameuse barrière du comité de lecture, que vous ayez été sélectionné pour figurer dans la pile à voir.

    Là, selon la maison d'édition qui vous aura choisi, soit vous irez illico sur le bureau de l'éditeur (ou directeur de collection), soit vous serez soumis à l'épreuve du tir au couteaux.

LE COMITE DE LECTURE

    Il peut être externe ou interne à la maison d'édition. Interne, on peut espérer que les lecteurs auront suffisamment de conscience professionnelle pour prendre leur travail à coeur, puisque leur propre survie de salariés-maison en dépend. Externe, il s'agira d'étudiants ou de profs, d'experts ou de moins experts, payés à la lecture, dont le verdict sera quelquefois très aléatoire : ce type de lecteur peut fort bien avoir aimé votre livre et le sanctionner... avec le secret espoir d'en modifier l'idée pour créer son propre chef-d'oeuvre.

    Mais globalement que se passe t-il dans la tête d'un comité de lecture ?

    Notre expérience du référencement d'auteur, puis de l'édition, nous a permis de tirer quelques enseignements et d'avoir certaines affinités avec nos comparses de l'édition papier quant à notre approche des écrivains. C'est cette seule expérience que nous livrerons, tant le comportement diffère d'un éditeur à l'autre.

    Lorsque nous visitions un site,  nous recherchions en premier lieu la page où l'auteur se présentait : cette page était sobre et décrivait notre auteur avec une note d'humour. Ou mieux, l'écrivain nous offrait une petite phrase en rapport avec le contenu de ses ouvrages, cette petite phrase bien tournée qui nous donnait immédiatement une idée du style de l'auteur et de ce qui nous attendait. Disons que ce serait la couverture d'un livre.

    Puis nous nous rendions sur la page liens... s'il y en avait une. Cette page était très importante car nous savions illico si l'auteur s'adressait à des lecteurs ou s'il s'adressait exclusivement à son ego, s'il était présent sur internet pour échanger ou pour satisfaire son nombrilisme. Ce serait un peu le cursus de l'auteur, sorte de CV, qui accompagne un manuscrit d'auteur.

    En dernier lieu (eh oui! seulement !) nous nous intéressions à ce qu'il avait écrit, à ce qu'il avait publié... et nous décortiquions le site à la recherche de mots magiques, de phrases-clefs, de tout ce qui nous aurait permis d'en faire un résumé susceptible d'intéresser nos lecteurs, car c'était l'objectif du Portail du Livre. Et pour convaincre, il faut être soi-même convaincu. Foin des faiblesses d'écriture ici ou là, foin des erreurs, si le fonds est consistant, l'auteur, le livre mérite qu'on les soutienne. Schématiquement, il en est de même pour les comités de lecture des éditeurs. Ils seront séduits (ou non) par quelques mots. Ces mots doivent leur donner envie d'aller plus loin. S'ils rentrent dans le livre, s'ils ne bâillent pas à la troisième page, et mieux, s'ils s'enthousiasment à la lecture du livre, c'est gagné. 

L'AUTEUR PARFAIT

   A l'usage, nous avions pu dresser le profil de l'auteur parfait, celui qui nous donnait envie de le connaître. Nous en avions conclu que les écrivains qui réussissent leur carrière ont certaines qualités communes.

    Nous pouvons dire que plus l'auteur est talentueux plus il est modeste, plus il est ouvert à d'autres horizons qu'à ses seules oeuvres, plus il est reconnaissant aussi...

    Plus l'auteur est susceptible de vouloir faire carrière, plus il est exigeant, insatisfait voire méprisant. Moins il est bon, plus ils est pointilleux, avec des corrections de dernières minutes ou des rectifications mineures...

    Les éditeurs sont confrontés aux mêmes types d'auteurs... qu'ils fuient. Un auteur bougon est un auteur définitivement rayé de l'ordinateur qui consigne la réception des manuscrits. Après tout, il faut savoir être bon joueur et accepter un jugement négatif. L'éditeur n'a rien demandé. En retour, il ne doit rien à l'auteur.

LA TECHNIQUE DU COMITE DE LECTURE

   Le membres d'un comité de lecture prennent des notes. Parfois aussi ils attribuent une note. Ce qui permet, en totalisant les points, de situer l'auteur dans l'échelle du publiable.

    Si vous désirez toujours frapper à la porte d'un éditeur, sachez que vous devez être irréprochable. Au sens éditorial du terme. Un écrivain irréprochable est un écrivain qui aura de la personnalité. Notamment dans ses livres. Vous devez impérativement séduire. Il convient donc de présenter un manuscrit quasiment parfait. Un manuscrit dont le contenu autant que le contenant accrochent.

    Avant d'envoyer un manuscrit chez un éditeur, le meilleur test est de trouver un panel de lecteurs anonymes. Si l'avis de ces lecteurs est moyen, inutile d'aller frapper à la porte des éditeurs : parmi les 999 concurrents, vous n'avez aucune chance. Votre panel de testeurs doit être absolument transcendé et transcendé à l'unanimité.

        Pour savoir l'effet que votre livre fera sur des lecteurs rien de tel qu'une expérience grandeur nature: Réalisez une couverture portant le titre de votre ouvrage, un pseudo qui ne sera pas le vôtre, un nom d'éditeur bidon. Mettez cette couverture sur un livre usagé ou inutile, celui qui cale la bibliothèque par exemple. Posez le chef-d'oeuvre sur une table et entourez-le de plusieurs livres, pris cette fois à l'intérieur de votre bibliothèque, les jolis livres, d'auteurs plus ou moins connus, ceux que vous aimez. Demandez à votre famille, à vos  amis, à vos voisins ou, mieux, à des inconnus, de choisir un livre parmi ceux exposés devant eux. Vous saurez, à l'enthousiasme que manifeste le lecteur, ce que vaut votre livre à première vue, la carrière qu'il peut espérer sur les rayonnages d'un libraire.. et l'effet qu'il peut produire sur un comité de lecture.

    Enfin, il faut savoir que même si le livre est bon, même s'il plaît au comité de lecture, c'est par-dessus tout le facteur commercial qui décidera de la publication. Et ce facteur là a souvent le képi très étroit.